Je possède le Nikon 50 1.8s depuis quelques années déjà. Je l’ai acheté en même temps que mon Z6II. Je n’avais jamais eu l’occasion de vous partager mes impressions à son sujet. Voilà qui est donc rétabli. Évidemment, toutes les photographies illustrant ce billet ont été prises avec cet objectif. Les boitiers utilisés sont le Nikon Z6II et le Nikon Z6III.
Si vous voulez voir quelques tests de netteté du Nikon 50 1.8s, je l’avais comparé au Nikon 50 1.2s. Étonnamment, il s’en sortait très très bien (voire mieux) par rapport à cette optique incroyable.
L’optique fixe universelle
Introduction
Le 50 mm est sans doute l’optique la plus mythique de la photographie. Focale dite « normale », proche de la vision humaine, elle est considérée (avec le 35mm) comme un objectif à tout faire : portrait, voyage, rue, paysage ou gros plan créatif.
Avec le NIKKOR Z 50 mm f/1.8 S, Nikon a voulu revisiter ce classique et en faire une optique moderne, parfaitement adaptée aux capteurs des hybrides Z.
Le résultat est bluffant : un piqué extraordinaire, une homogénéité impressionnante, un rendu neutre et fidèle.
Le bokeh est très agréable, même s’il n’est pas parfait — les « yeux de chat » apparaissent en bord d’image. On lui reproche parfois un rendu trop « clinique », mais il reste difficile de lui trouver de vrais défauts. Son encombrement est plus important que celui des anciens 50 mm F, mais il reste raisonnable. Voyons cela en détail.
📑 Fiche technique — NIKKOR Z 50 mm f/1.8 S
- Monture : Nikon Z
- Focale : 50 mm (plein format)
- Ouverture maximale : f/1.8
- Ouverture minimale : f/16
- Construction optique : 12 éléments en 9 groupes (dont 2 lentilles ED et 2 asphériques)
- Traitements : Nano Crystal Coat, Super Integrated Coating
- Diaphragme : 9 lamelles arrondies
- Distance minimale de mise au point : 0,4 m
- Rapport de reproduction : 0,15×
- Diamètre de filtre : 62 mm
- Dimensions (L × Ø) : 86,5 × 76 mm
- Poids : 415 g
- Stabilisation : non (compensée par l’IBIS des boîtiers Z)
- Tropicalisation : oui
Construction et ergonomie
Première surprise : son gabarit. Ceux qui ont connu les petits 50 mm f/1.8 AF-D ou AF-S en monture F se souviennent d’objectifs compacts, légers, qu’on pouvait glisser dans une poche de veste. Ici, on est dans un autre monde. Avec ses 415 grammes et ses dimensions plus imposantes, ce n’est clairement plus le “pancake du pauvre”.
Mais ce surcroît d’encombrement a une justification : la formule optique. Douze éléments en neuf groupes, dont deux lentilles asphériques et deux lentilles ED, le tout complété par les traitements Nano Crystal Coat et SIC. Nikon a mis les petits plats dans les grands, et ça se sent. La construction inspire confiance, la finition est sérieuse, la bague de mise au point est large et agréable à utiliser. L’objectif est tropicalisé, ce qui en fait un allié fiable même en voyage ou dans des conditions difficiles.
En pratique, monté sur un Z6II, un Z6III ou un Zf, le poids reste raisonnable et l’ensemble bien équilibré. On n’a pas l’impression de trimballer une enclume. Simplement, il faut oublier l’idée du 50 mm discret et minuscule : celui-ci est un vrai morceau de verre, taillé pour la performance.
Qualité optique
C’est ici que l’optique fait toute la différence.
Dès la première série d’images, on comprend que ce 50 mm f/1.8 Z n’a rien à voir avec ses ancêtres.
Le piqué est tout bonnement extraordinaire. À pleine ouverture, le centre est déjà chirurgical : les détails sautent aux yeux, la micro-texture de la peau ou d’une matière est parfaitement rendue. En fermant d’un ou deux crans, on atteint une homogénéité impressionnante : les bords rejoignent le centre, l’image est nette de part en part. On est très loin du compromis économique des anciens 50 mm f/1.8 F, qui demandaient souvent d’attendre f/2.8 ou f/4 pour vraiment donner le meilleur. Ici, on profite pleinement du potentiel du capteur dès f/1.8.
Le contraste est lui aussi d’excellent niveau : les noirs sont denses, les couleurs fidèles, avec un rendu neutre qui laisse une belle marge en post-traitement. Les aberrations chromatiques, souvent le point faible des 50 mm, sont très bien corrigées. Même dans des situations de fort contraste (branches sur fond de ciel, reflets métalliques), elles restent discrètes. La distorsion est quasi inexistante et, de toute façon, automatiquement corrigée par les boîtiers. Enfin, en contre-jour, le Nano Crystal Coat joue parfaitement son rôle : le flare est bien contenu et rarement gênant.
En clair, on a affaire à une optique moderne, précise, propre, qui délivre une image parfaitement contrôlée.
Bokeh et rendu artistique
Un 50 mm f/1.8 est fréquemment utilisé pour isoler un sujet et obtenir de beaux flous d’arrière-plan. De ce côté, le NIKKOR Z 50 mm f/1.8 S tient ses promesses, avec son diaphragme à 9 lamelles, sans atteindre non plus les excès des optiques ultra-lumineuses. Ce n’est pas un bokeh crémeux façon 85 mm f/1.2, mais il reste de très haut niveau.
À pleine ouverture, le sujet se détache joliment, les transitions entre zones nettes et floues sont progressives. Le bokeh est doux, agréable, jamais agressif. Sur un portrait, l’arrière-plan s’efface sans détourner l’attention.
Mais il faut aussi parler de ses limites. Sur les bords du cadre, les cercles de lumière perdent leur rondeur parfaite et se transforment en “yeux de chat”. C’est un phénomène classique sur beaucoup d’objectifs lumineux, mais ici il est bien présent. Rien de dramatique, mais cela rappelle que ce 50 mm, aussi bon soit-il, n’est pas parfait.
Un autre reproche revient souvent : son rendu est trop neutre. Certains photographes aiment les objectifs qui apportent une “patte”, une signature reconnaissable, quitte à sacrifier un peu de netteté. Ce n’est pas le cas ici. Le NIKKOR Z 50 mm f/1.8 S est fidèle, précis, mais sans excès de caractère. Pour certains, c’est un défaut. Pour d’autres, c’est une qualité, car cette neutralité laisse toute liberté en post-traitement.
En situation
C’est sans doute là que le 50 mm montre sa polyvalence.
En portrait, il excelle : les yeux ressortent avec une précision incroyable, les transitions sont douces, le rendu des tons chair est naturel. Même à f/1.8, on obtient une profondeur de champ suffisante pour détacher le sujet tout en gardant une partie du visage nette.
En voyage, il est l’optique idéale pour qui veut voyager léger sans sacrifier la qualité. On peut tout faire : saisir une scène de rue, photographier une façade, cadrer un paysage ou isoler un détail. Certes, on est parfois frustré de ne pas avoir plus large ou plus serré, mais la contrainte stimule la créativité.
En photo de rue, il est assez discret pour passer inaperçu et assez rapide pour saisir l’instant. Le rendu neutre, associé à une excellente netteté, en fait un outil fiable pour raconter le quotidien.
En paysage, on n’attend pas toujours un 50 mm, mais fermé à f/5.6 ou f/8, il restitue une image homogène, détaillée, avec une belle dynamique. Les couleurs sont fidèles, le contraste juste.
En gros plan, ce n’est pas une optique macro : sa distance minimale de mise au point de 40 cm limite les possibilités. Mais on peut déjà s’approcher suffisamment pour réaliser des plans serrés, des détails de matière, des fleurs isolées. Et avec le piqué de l’optique, même ces cadrages prennent une dimension intéressante.
Points forts et limites
✅ Points forts :
- Piqué extraordinaire dès f/1.8
- Homogénéité et rendu moderne
- Bokeh agréable et transitions douces
- Autofocus silencieux
- Construction solide, tropicalisation
- Rapport qualité/prix excellent
⚠️ Limites :
- Plus encombrant que les anciens 50 mm F. Ce point n’est pas très grave, mais quand même. Je dois avouer que c’est pour ça que j’ai acheter le Nikon 40mm F/2
- Rendu neutre, manque de “signature” artistique. Cette touche personnelle peut être ajouter en post-traitement.
- Autofocus bon mais pas le plus rapide
- Pas de stabilisation optique
Conclusion
Le NIKKOR Z 50 mm f/1.8 S est une réussite. Plus ambitieux que ses prédécesseurs, il propose une qualité d’image exceptionnelle dans un encombrement encore raisonnable.
C’est une optique à tout faire : portraits, voyage, rue, paysages… Elle conviendra aussi bien aux débutants passionnés qu’aux photographes exigeants.
Difficile de lui trouver de vrais défauts : il est net, fiable, moderne. Peut-être trop parfait pour ceux qui aiment le caractère imparfait des anciens 50 mm, mais incontestablement un des meilleurs rapports qualité/prix de la gamme Nikon Z.
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