Le montage d’une exposition n’étant pas forcément une tâche très simple. Je pense qu’un partage de mon humble expérience pourrait être d’une aide précieuse pour ceux qui voudraient se lancer dans cette aventure mémorable.

La première étape consiste à choisir un thème qui donnera une uniformité à votre exposition. Nous pouvons choisir d’explorer un sujet ou de raconter une histoire en photo.

Plus simplement, on peut aussi opter pour un fil rouge esthétique entre les clichés. En effet, si ils traitent différents thèmes et ne sont pas du même style, je pense que les visiteurs en seront un peu déboussolés (c’est aussi un effet que l’on peut rechercher, mais dans le cas contraire, je déconseille).

La sélection des photos

Lorsque vous sélectionnerez vos images pour votre future exposition, faites donc bien attention à l’uniformité et à la cohérence de l’ensemble. Il m’est arrivé d’imprimer une ou plusieurs photos qui ne collaient pas avec le thème ou le style de l’ensemble. C’est dommage de s’en rendre compte au moment de l’accrochage.

Pourquoi est-ce-que j’ai fait cela ? Parce que j’avais une affection particulière pour ces images et que j’avais envie de les voir afficher en grand. Je vous conseille donc de faire votre autocritique et d’y repenser à deux (ou trois) fois avant de valider votre sélection d’images. Si vous vous trompez, cela n’aura pas forcément des conséquences catastrophiques (heureusement 🙂 ), mais vous perdrez en pertinence.

« Imprimer » ses photographies

Avant de tirer ses images, il faudra s’assurer que les fichiers soient « parfaits » :). Faites attention qu’il n’y ait pas de tâches provenant d’une poussière sur le capteur par exemple. C’est particulièrement visible dans les ciels ou les surfaces uniformes. Pour les paysages par exemple, veillez aussi à ce que la ligne d’horizon soit bien horizontale.

En effet, une fois vos images tirées en grand, si vous vous rendez compte d’un problème du genre, il sera trop tard 😤😤😤

Dans le même ordre d’idée, il faudra prêter la plus grande attention aux couleurs. En effet, beaucoup de photographes ne se rendent pas compte que ce qu’ils voient sur leur écran n’est pas la vérité. C’est plutôt une interprétation faite par votre matériel. En conséquence, il est préférable de calibrer son écran à l’aide d’une sonde de calibration et de faire très attention au profil colorimétrique que l’on utilise (CMJN, sRVB, adobeRVB, Prophoto). Le spectre de couleur sera plus ou moins étendue en fonction de ce choix. Il faut également que votre calibration corresponde bien à celle de laboratoire chez qui vous allez tirer votre cliché (le profil ICC).

Un exemple de sonde de calibration

Si vous n’êtes pas familier avec tout cela, il y a des tas d’articles en lignes qui pourront vous expliquer la démarche. Sinon, le laboratoire que je sollicite a rédigé un texte qui fourni de nombreuses explications : cliquez là

Lorsque les fichiers sont prêts à être imprimés, il reste encore toute une série de décisions à prendre. C’est là que l’aspect économique commence à intervenir. 💰💰💰💰💰

Vous devrez en premier lieu choisir la taille des tirages. Plus ils seront grands, plus cela vous coûtera cher, mais plus votre travail sera mis en valeur. Dans ces cas-là, c’est bien souvent le portefeuille qui tranche. Si vous n’avez pas vraiment l’habitude de faire des tirages en grand format, vous pensez peut-être qu’un format type A3 (environ 30 × 45 cm) est déjà de belle taille, mais une fois accroché au mur, dans une salle d’une surface moyenne, il vous paraîtra souvent un peu petit. À mon sens, 30 × 45 cm est un strict minimum pour une exposition, je vous conseille, si vos finances le permettent, d’opter plutôt pour du 50 × 75 cm ou encore mieux, du 60 × 90 cm, ou plus si le cœur vous en dit (je donne ici les proportions pour du format 3:2, si vous êtes en format 4:3 cela donnera plutôt 30 × 40 cm, 60 × 80 cm…).

Dans un second temps, vous devrez déterminer quelle technique d’impression vous souhaitez privilégier. Les trois grandes solutions qui s’offrent à vous sont :

  • le tirage dit « argentique » (procédé qui reprend celui du tirage photo argentique), les papiers adaptés sont les plus connus, ils ont souvent une surface glacée ou satinée. En choisissant cette option, vous faites un choix classique, et vous obtiendrez un résultat de bonne qualité ;
  • l’impression directe sur support : il s’agit d’une impression jet d’encre, le support pouvant même être rigide (PVC, plexiglas, dibond). L’avantage est le coût (le support d’accrochage au mur est intégré) mais la qualité d’image sera moindre. Vous pouvez aussi choisir un support souple (bâche, toile, vinyle), mais là encore la qualité ne sera pas optimale ;
  • l’impression fine art (digigraphie) : procédé d’impression jet d’encre avec des imprimantes grands formats de haute précision. Le choix des papiers possibles est important, mais dépend des laboratoires : il y a des papiers épais, texturés ou non, des papiers brillants ou satinés, des papiers dits « japonais », très légers… Ce type d’impression est le plus qualitatif, il garantit un tirage d’art de grande longévité qui respecte les couleurs et la finesse de détails, c’est aussi le plus onéreux. C’est cette option que j’aime, car elle correspond bien à mes envies qualitatives, mais aussi à mes compositions. Je travaille essentiellement avec le laboratoire Tirage-art.com qui me donne entière satisfaction.
Tirage photo sur papier brilliant (source : Whitewall.com)
Impression directe avec finition plexiglass
HAHNEMUHLE PHOTO RAG BRIGHT WHITE mon papier « fine art » préféré

Encadré ou contrecollé ?

C’est la dernière étape. Selon les prestataires, vous aurez peut-être plusieurs supports à votre disposition pour le contrecollage : PVC, plaque d’aluminium ou dibond. Composé de plusieurs couches (plaque de polyéthylène prise en sandwich entre deux plaques d’aluminium), ce dernier est considéré comme le plus qualitatif. C’est le support à la mode et prisé des galeristes pour son élégance et sa solidité. L’inconvénient est qu’une fois le collage réalisé, votre tirage photo reste fragile ; cela ne posera pas de problème si l’œuvre ne voyage pas trop, sinon (comme cela arrive souvent lors d’une exposition itinérante) vous risquez de la détériorer, surtout aux coins qui sont les zones les plus délicates.

L’autre alternative est d’utiliser des cadres, c’est la solution que j’ai adoptée. Elle a pour moi plusieurs avantages : outre la protection des tirages, elle m’offre la possibilité de faire évoluer facilement mon exposition en remplaçant un tirage par un autre sans entraîner de frais très importants (avec le contrecollage, c’est plus cher). De plus, on peut toujours récupérer les cadres et les utiliser pour d’autres projets. Enfin, je trouve les cadres plus élégants pour présenter de grandes photographies (mes tirages font 60 × 90 cm), mais ceci est un critère esthétique très personnel. Le véritable inconvénient du cadre réside dans le fait de poser une vitre sur le tirage : l’éclairage peut générer des reflets qui gênent la lecture de l’image. Dans une galerie où il est possible de régler finement ses lumières, ce problème n’est pas insurmontable, mais dans d’autres lieux moins adaptés, il peut être pénalisant. Pour ma part, je préfère enlever la vitre (oui le tirage tient) quitte à ce que le tirage soit un peu plus exposé ( 😉 )

Trouver un lieu d’exposition

In fine, nous pouvons observer concrètement ce que nous avons mis tant de temps à conceptualiser. L’exposition est prête à accueillir les visiteurs, occasion unique de voir les réactions des spectateurs.

Voilà, vous avez fait tous vos choix – depuis la prise de vue, cela en représente un certain nombre – et vous êtes l’heureux propriétaire d’une magnifique exposition. Il ne reste plus qu’à trouver un endroit où l’accrocher (vous pouvez également faire cette démarche avant d’imprimer vos photos).

Selon vos ambitions, trouver un lieu sera plus ou moins facile. Si vous êtes novice dans ce type de projet, il vaudra peut-être mieux ne pas être trop gourmand au départ : renseignez-vous dans votre commune, voyez s’il existe des lieux consacrés à l’exposition temporaire d’artistes locaux. Vous pouvez également démarcher les médiathèques, surtout si votre travail a une dimension didactique. Ces lieux seront peut-être ravis de vous accueillir, car ils sont toujours en demande de projets intéressants. Vous pouvez également solliciter des magasins et/ou des restaurants qui cherchent parfois des images pour décorer leurs commerces. Enfin, sachez qu’il existe de nombreux festivals consacrés à la photographie qui permettent aux amateurs et aux professionnels d’exposer leurs œuvres.

Vous pourrez ainsi vous faire une première expérience et voir comment le public perçoit votre travail. Le plus intéressant dans ce genre d’initiative, à mon avis, est de confronter le fruit d’une longue réflexion au regard du spectateur. C’est là que le photographe sort de son isolement et espère que ses œuvres seront bien comprises. À ce titre, je vous invite à discuter avec les personnes qui viendront voir vos expositions, cela vous aidera à mieux cerner ce qui plaît de ce qui déçoit, et pourquoi.

Si vous avez plus d’ambition, ce qui est tout à fait légitime, vous pouvez essayer de contacter des galeries d’art dont le métier est d’exposer les artistes. Je me permets de vous mettre en garde cependant, car ce chemin n’est pas simple. La plupart n’exposent que des artistes reconnus et, malheureusement, il y a peu de place pour les nouveaux talents. Certaines galeries proposent de candidater par l’intermédiaire d’un dossier à fournir. Dans l’absolu, vous pouvez également postuler spontanément dans n’importe quel lieu d’exposition. En revanche, ne vous attendez pas à avoir beaucoup de retours de leur part… S’ils vous adressent une réponse, même négative, lisez-la attentivement, ces professionnels prennent parfois le temps d’expliquer pourquoi le projet ne leur convient pas. La raison n’est pas toujours liée à la qualité, ce peut être aussi le thème que vous traitez qui n’est pas conforme à leur ligne éditoriale. Bref, ne vous découragez pas et renouvelez les tentatives (sans exagération), cela finira probablement par porter ses fruits.

4 commentaires

  1. Bonjour Denis,

    Question : Applique tu un verni ( neutre ) sur tes tirage pour les protéger des UV ?
    Merci et bonne journée
    Francis

  2. Merci Denis pour cet article ! Outre le fait de sélectionner ses photos, le thème, le lieu, le problème le plus important ne serait pas la communication par hasard ? Tu n’en parles pas et à mon sens si tout te paraît ok mais que personne ne vient, comment faut-il s’y prendre en amont selon toi ? Merci. Benoît

    1. Author

      Salut Benoit,
      oui c’est vrai, l’une des clés du succès d’une exposition est la communication sur l’événement.
      Ce n’est pas simple pour un photographe de se mettre en avant. Certains y arrivent très bien et d’autres ont plus de mal.
      C’est bien normal.
      Le mieux est de demander à son entourage de faire de la pub en invitant le maximum de monde. L’idéal, c’est aussi d’avoir un partenaire qui se charge d’une partie de la communication : la galerie dans laquelle on expose, le restaurant, la médiathèque…
      Il faut aussi savoir utiliser les réseaux sociaux. Pour une fois, ils peuvent bien utiles.

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