La quête incessante de la perfection technique et l’engouement pour le matériel dernier cri peuvent souvent influencer notre pratique. Si la technologie nous ouvre parfois de nouvelles possibilités, cette influence n’est pas toujours positive. Notre obsession à obtenir des images techniquement parfaites peut en effet conduire à une perte de spontanéité et de créativité. Faisons le tour de la question.

Il y a une maladie, une obsession dont souffrent la plupart des photographes et qui peut se résumer en une phrase : « Quel est le meilleur matériel pour réaliser les photos que j’ai envie de faire ? ». La quête est sans fin, et il me semble que bon nombre d’entre nous se perdent dans les méandres de ces aspects techniques, dans une quête du « meilleur » piqué, de la « plus grande » résolution d’images, de la « plus haute » sensibilité…

Que vais-je prendre comme matériel aujourd’hui ?

Ce phénomène fait la joie des fabricants qui entretiennent ce trouble du comportement en révolutionnant, soi-disant, la photographie tous les six mois. Pourtant, certains des plus grands chefs-d’œuvre du huitième art (photo de nature y compris) ont été capturés avec des appareils qui datent de plusieurs dizaines d’années.

C’est donc là un piège redoutable, dans lequel j’avoue être tombé fréquemment (et le symptôme revient parfois) ; à force de trop s’intéresser à la technique, on oublie de prendre des photos, on se détache du sujet pour ne s’intéresser qu’à l’objet photographique. Le choix du matériel est malheureusement une étape coûteuse et, comme toujours, c’est en faisant des erreurs (et donc des achats) que l’on apprend ce dont on a besoin et ce dont on peut se passer. Pour être performant, il faut, il est vrai, être bien équipé et connaître les possibilités du matériel qu’on utilise. Pourtant, le procédé ne doit être qu’un outil au service de l’image, car, finalement, n’oubliez pas que seuls les photographes s’intéressent au matériel de prise de vue ; les autres se concentreront sur le plaisir qu’ils ont à regarder une photo, ce qu’elle transmet, ce qu’elle évoque.

Le Piège de l’Évolution Matérielle

L’industrie photographique connaît une évolution rapide, proposant constamment de nouveaux appareils dotés de fonctionnalités toujours plus avancées. Il y a les fonctionnalités liées à l’intelligence artificielle. Les plus gros progrès du moment sont liés à la reconnaissance de scènes pour optimiser l’autofocus. Cette course à l’innovation peut inciter les passionnés de photographie à être constamment à la recherche du matériel le plus récent, avec l’espoir que celui-ci leur permettra de capturer des images toujours meilleures.

Cependant, cette quête incessante peut induire une mentalité de consommation où l’acquisition du nouvel équipement devient une priorité, reléguant la créativité au second plan. L’attention se focalise alors sur les spécifications techniques, les mégapixels, les performances en basse lumière, la vitesse de l’autofocus, sans forcément se concentrer sur la vision artistique propre à chaque photographe.

Cette surenchère technologique crée une pression constante pour posséder le matériel le plus avancé, entraînant une course sans fin vers l’obsolescence programmée.

Cette dépendance peut créer une illusion selon laquelle de meilleures performances techniques conduiront automatiquement à de meilleures images, négligeant ainsi l’importance de la composition, de l’émotion et de la narration dans la création d’une photographie captivante.

à force, on ne s’intéresse plus à la photo, mais seulement au matériel photo.

Lappareil photo est un outil, ce n’est pas un but.

Cela peut sembler évident, mais la photographie est un art dans lequel la créativité devrait prendre le devant de la scène. Cependant, l’obsession pour la perfection technique et la quête constante du matériel le plus récent peuvent souvent éclipser cette créativité, limitant ainsi que la capacité des photographes à exprimer pleinement leur vision artistique. En faisant une comparaison audacieuse, c’est comme si un peintre ne s’intéressait seulement à ses pinceaux, sa peinture ou sa toile. Cela doit exister, mais lorsqu’on regarde un tableau, nous ne pensons pas un instant à ces considérations matérielles.

Ce discours peut paraître un peu hypocrite. Moi qui aime tester du matériel, qui vante les mérites de tel ou tel boîtier 🙂 🙂 :). En effet, le matériel fait partie de la photo. Les bons outils sont agréables à utiliser, ils sont excitants. Ils ne suffisent pas. Les photographes, amateurs ou professionnels, doivent trouver un équilibre entre l’intérêt pour le matériel et la liberté créative.

Ces deux photos ont été réalisées avec un Nikon D300. Un appareil reflex sortie en 2007 dont le capteur aps-c était un 12mp. Ses performances en terme de sensibilité étaient à des années lumières d’un appareil premier prix actuel. Si je ne vous l’avais pas dit, l’auriez vous su en regardant ces images ? Bien sur que non.

Un commentaire

  1. Effectivement l’habit ne fait pas le moine !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *