Il y a quelques déjà quelques années que l’intelligence artificielle a été introduite sur le terrain photographique. Ces derniers temps cependant, nous avons franchi un nouveau pallier. En effet tous les logiciels ou presque intègrent désormais ce type de fonction. Certains (Ando, Midjourney par exemple) proposent même de créer une image à partir de RIEN ou presque, il suffit d’une description. Doit-on s’inquiéter de cette invasion d’IA ? Est-ce-que l’outil peut être intéressant ?
Spoiler alert : oui et non 🙂 Je n’ai pas toutes les réponses, mais on est là pour en parler.
Pour moi, il y a trois façons de voir les choses : « le pour« , « le contre » et le « on s’en fout« .
La force créative :
L’IA dans la photographie, lorsqu’elle est utilisée de manière inventive, peut être tout simplement géniale. On sort dans ce cas de la photographie telle que nous la pratiquons. Je pense plutôt au fait qu’un artiste puisse, à la manière d’un peintre, l’utiliser pour générer des œuvres tout droit sortis de son imagination, sans réelles contraintes techniques. Elle ouvre ainsi de nouvelles perspectives artistiques, c’est de la créativité pure.
L’IA peut également être un atout précieux pour les retouches photo. Elle est capable d’améliorer automatiquement les couleurs, les contrastes et même de restaurer les vieilles photographies avec une précision surprenante. Remplacer les ciels ou sélectionner rapidement les motifs dont on veut modifier les caractéristiques.
Pour ma part, je l’utilise dans le cadre de deux manipulations (pas sur toutes les photos bien sûr).
La première, est le retrait de motifs qui gênent pour moi la lecture de l’image. C’est quelque chose que j’avais déjà l’habitude de faire en tamponnant certaines zones, mais les outils sont aujourd’hui très performants. La dernière version béta de Photoshop permet d’aller très loin. J’ai ainsi pu retoucher quelques images que j’aurais jetées dans le passé.
La seconde manière qui me séduit particulièrement est la possibilité de réduire le bruit de luminance et de chrominance avec une performance inégalée. Récemment, une fonction introduite dans Lightroom donne des résultats bluffants. En macrophotographie, les portes des très hautes sensibilités (jusqu’à 50000iso) me semblent désormais ouvertes sans réels problèmes. Pour moi qui suis passionné de gros plans, c’est une avancée technologique qui me permet de repousser un peu plus les limites de ce que je pouvais faire.
Le seul vrai inconvénient de ce type de traitement est le temps de calcul et il faut un ordinateur très performant pour ne pas attendre des plombes que l’algorithme fasse son travail.
Le côté obscur de la manipulation :
Cependant, il y a un côté sombre à considérer. L’IA en photographie peut être utilisée pour créer de fausses informations visuelles, semant le doute et la confusion dans notre monde déjà complexe et envahi de fake news. Il est encore plus difficile de discerner la réalité de la fiction. Des montages photo sophistiqués, des visages altérés ou même des paysages imaginaires peuvent facilement être générés par des algorithmes. L’IA a le pouvoir de rendre le faux indiscernable du vrai, et c’est là que résident nos craintes les plus profondes.
De plus, des photographes pro se font peut-être des sueurs froides. Je ne me sens pas particulièrement menacé, mais si mon gagne-pain était la photo de mode, j’angoisserais quand même un peu.
L’indifférence la plus totale :
Beaucoup de photographes et amateurs d’art peuvent se sentir indifférents à l’arrivée de l’IA dans leur pratique. Après tout, pourquoi se préoccuper d’une technologie qui ne fait que compliquer davantage la technique ? Pourquoi s’embarrasser d’une intelligence artificielle qui tente de rivaliser avec notre propre créativité ? Eh bien, chers lecteurs, l’indifférence est probablement la réponse la plus sage. Ne pas craindre, ne pas se soucier, simplement continuer à créer et à capturer des moments authentiques avec notre propre regard unique.
Alors, où se situe notre relation avec l’IA en photographie ? Est-ce un allié créatif ou une source de peur et de confusion ? C’est certainement un outil fabuleux, probablement une menace pour certains métiers. Quelle que soit notre opinion, gardons à l’esprit que la technologie est là pour servir notre créativité, et non l’inverse. Surtout, continuons à faire des photographies, des vraies.
Merci Denis,
Un outil de plus, puissant certes et qui va changer des habitudes, faire évoluer (et c’est un euphémisme) certains métiers (les photographes d’illustration par exemple ont très intérêt à s’y mettre sérieusement) mais pour l’émotion et la créativité, l’IA ne remplacera pas l’humain.
Par contre sur la dernière photo de l’article, la « touche humaine » est un peu violente… le coup de pinceau éclaircissant sur le chemin donne l’impression que la petite fille est rajoutée et qu’elle ne touche pas terre. Un IA aurait-elle été plus discrète dans le post-traitement (aïe, terrain glissant là !).
Salut Daniel, merci pour ton commentaire.
Le développement de la dernière photo est peut-être un peu trop contrasté effectivement. Je l’ai remplacé, car en réalité, j’ai plusieurs versions (développement) de cette image. Aucune retouche sur celle-ci, juste du développement.
Néanmoins, comme ton commentaire, le développement d’un cliché est subjectif. Une IA n’aurait pas fait mieux, mais elle aurait fait pour que le cliché plaise au plus grand nombre 🙂
Personnellement n’ étant qu’ un petit amateur je me sert de Lightroom Classic qui me convient parfaitement pour post traiter mes images » manuellement » comme pour mon boitier sui est quasi en permanence en mode manuel ( héritage de ma pratique en argentique – j’ ai 77 ans )
Comme Daniel, je ne trouve pas le traitement de la photo d’ illustration vraiment réussie. J’ aurais en premier lieu éclairci très légèrement l’ ambiance générale afin d’ éviter trop de contraste entre l’ environnement et le sentier de sable avec la petite fille. Ensuite j’ aurais seulement ciblé l’ enfant en augmentant légèrement clarté et texture. Peut – être aussi assombrir un rien la correction du voile. Amha bien entendu.
Reste que le traitement des photos est avant tout affaire de sensibilité, de goûts et de vision personnelle.
Salut Francis,
Devant le tollé général 🙂 🙂 :), j’ai changé l’image pour une autre version.
C’est pour cela que tout cela est subjectif : tu aurais fait le traitement différemment, Daniel aussi, et moi, je l’ai fait comme je le sentais sur le moment 😉
Atteindre la perfection est impossible. Tout est à faire de subjectivité.
bonjour Denis, j’aime bien votre façon de simplifier : « le bon , la brute et le truand ».
sur la photo du bowling, pour moi enlever des personnages et changer une pancarte commence déjà à la limite de ce que je m’autorise – aprc ontre corriger lumière, bruit, enlever un objet gênant (ex antenne satellite) OK …mais c’est clair que la photo y gagne en lisibilité. On revient à la sage conclusion de Francis…
je suis aussi pour « l’indifférence » mais intelligente ie se tenir au courant et ne prendre que ce qui nous convient…mon souci majeur est que j’ai de moins en moins confiance dans « la réalité » des photos que je vois sur internet bien entendu mais aussi dans certaines revues aussi…sauf si je connaît et suis certain que l’AI « brute ou truand » n’est pas passé par là…