Parmi toutes les questions que je reçois, il en est une qui revient très souvent : J’aimerais faire de la macro, quel objectif dois-je acheter ?
Ma réponse en une phrase : Tous les objectifs macro fabriqués depuis ces vingt dernières années sont très très bons d’un point de vue optique.
Voilà ! Merci d’être passé, fin de l’article… 🙂 🙂 🙂 🙂
Ah non… ce n’est peut-être pas tout. Si c’était si simple, on ne me poserait probablement pas la question si souvent.
Un objectif macro c’est quoi ?
L’objectif macro concerne uniquement les boîtiers à objectifs interchangeables. Cela peut paraître évident, mais il est toujours utile de le rappeler.
Ces optiques ont la capacité lorsqu’on les utilise de pouvoir atteindre le rapport de grandissement 1:1. En d’autres termes, au rapport 1:1 le sujet que vous photographiez apparaît à taille réelle sur votre capteur. 2:1 il apparaît deux fois plus gros. 3:1 trois fois plus…etc.
Sans accessoire, il faut être conscient qu’un objectif macro atteint seulement le rapport 1:1 et pas plus. Pour aller plus loin (enfin, pour voir plus grand), il faudra utiliser un soufflet, des bagues allonges ou une bonnette par exemple. Si le sujet vous intéresse, je consacrerai un article aux accessoires macro.
Le piège des zooms macro
C’est là le principal piège dans lequel nous pouvons tomber, car quelques méchants opticiens (comme sigma ou tamron) proposent des zooms qualifiés de “macro”. À ma connaissance, il s’agit principalement de 70-300mm, mais il y a peut-être d’autres exemples. Ceux qui sont intéressés par la macro jettent souvent leur dévolue sur ces cailloux, car ils ont l’avantage d’être moins coûteux. Et ça, c’est un vrai avantage 🙂 🙂 🙂 …et les constructeurs le savent. Quitte à mentir un peu, ils ajoutent le mot macro à la nomenclature de leur objectif et ça passe crème.
En réalité, ces zooms n’ont pas la capacité d’aller au-delà du rapport 1:2 (au max). Ainsi, l’objet photographié sera reproduit 2 fois moins grand. C’est déjà pas mal non? OK, mais ce n’est pas de la macro. Entre le rapport 1:2 et 1:5, nous sommes dans le domaine de la proxiphotographie. Ce rapport de grandissement est déjà intéressant et permet de produire des clichés bien détaillés.
Un objectif macro pourra te permettre de prendre des photos en macro ET en proxi, il sera donc plus polyvalent. De plus il sera plus lumineux avec généralement une ouverture de f/2,8 tandis que pour les zooms il faudra être à 300mm et une ouverture max de f/6,3 (généralement) pour être au max de ses capacités. Croyez-moi, un monde sépare les deux surtout au niveau du piqué.
Pour les petits budgets, on peut déjà bien s’amuser avec ce type de zoom.
Le principal défaut des objectifs macro
Attention hein, ne me faites pas dire que les objectifs macro sont parfait, parce que je ne l’ai pas dit !!! Ils ont un gros défaut : l’autofocus. Les objectifs les plus récents (depuis 20-30 ans 😉 ) ont la capacité de pouvoir faire la mise au point de manière automatique, mais en gros plan beaucoup de situations apparaissent délicates. La principale raison est que la course de la bague de mise au point est volontairement longue. Et oui, nous nous devons d’être très précis dans ces situations, car la profondeur de champ est également très faible. Bref, lorsque vous voudrez faire la mise au point sur l’œil de votre araignée préférée, ça va patiner sévère. Certains objectifs sont plus performants que d’autres, mais généralement, plus le rapport est grand, plus il faudra recourir à la mise au point manuelle. C’est un vrai challenge. Il faut s’armer de patience et s’entraîner. Avec le temps on acquiert des automatismes et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
L’importance de la focale
Alors si tous les objectifs macro sont très bon optiquement et que l’autofocus devient inutilisable plus le rapport de grandissement augmente (et oui, en optique, on parle de grandissement, pas de grossissement), alors on peut prendre n’importe quels cailloux macro et cela fera l’affaire…?
Pas tout à fait, il reste un ou deux paramètres importants.
En premier lieu : le choix de la focale
Ce choix va principalement dépendre de ce qu’on projette de faire. Si l’on travaille principalement sur des sujets statiques : objets, végétaux, animaux morts (je plaisante). Une focale courte fera parfaitement l’affaire.
Si l’on souhaite photographier des sujets en mouvement comme les insectes, araignées, grenouille ou autres serpents (frrrr) une focale plus longue est conseillée. Cela aura également l’avantage (à valeur d’ouverture équivalente) de produire un flou d’arrière-plan plus prononcé en raison de la compression des plans. Mais attention (il y a toujours un, mais), car du coup la maîtrise de l’objectif est moins aisée. Le moindre tremblement sera d’autant plus amplifié que la focale sera élevée. Et plus on tremble, moins les photos sont nettes. Là encore, un peu d’entraînement permet de bien maîtriser la bêêêête.
Cependant si vous avez peur de ne pas être à la hauteur, ou plutôt, si vous voulez vous simplifier la vie, il existe beaucoup d’objectifs macro qui proposent la stabilisation optique. Selon les constructeurs, elle fonctionne plus ou moins bien, mais le recours à ce type de gadget peut s’avérer bien utile (pour ma part, je n’ai toujours pas la stabilisation, mais si un jour je dois changer d’objectif, je pense que je prendrai volontiers cette option).
La polyvalence d’un objectif macro
Une autre question que l’on me pose est celle de la polyvalence d’un objectif macro. Peut-on l’utiliser pour faire du portrait ? Si la focale est assez longue, pour de l’animalier ?
La réponse : oui et non.
Super on est bien avancé.
On peut évidemment l’utiliser pour du portrait, mais (aie encore un, mais) ce n’est pas l’outil le plus adapté. Le principal défaut est là encore l’autofocus. Pour du portrait posé ça ira très bien, mais si tvous voulez photographier vos enfants en train de jouer, là ça va peut-être coincer (en tou cas il y aura plus de déchets). Certains constructeurs proposent l’option de bloquer la mise au point afin de limiter la course de l’af (au-delà de 1m par exemple). Cela s’avère bien pratique (mon objectif offre cette option). Le second écueil est la qualité du bokeh. En gros plan le bokeh d’un objectif macro est “parfait”, bien crémeux. Mais à une échelle classique, il est un peu plus nerveux (moins crémeux donc 🙂 ). Le mieux, pour le portrait ce sont les 85mm ou les 105 qui ouvrent à f/1,4 ou f/1,8. Cependant, si vous ne souhaitez pas investir dans un objectif spécialisé dans le portrait, votre macro fera bien le job 🙂
Pour l’animalier cela sera plus compliqué en revanche. Toujours en raison de ce satané autofocus. Mais aussi et surtout parce que la focale d’un macro n’excède pas 180mm (et encore). Du coup, cela semble un peu court pour photographier les oiseaux, renard ou autre sanglier qui arpentent nos forêts. Généralement, un 300mm est un grand minimum pour cette discipline. Mais si tel un fantôme, vous êtes capable de disparaître dans les hautes herbes pour approcher de très près votre animal préféré, alors ça ira 🙂
Je vous propose quelques objectifs macro dont je connais la qualité. Si vous ne trouvez pas votre marque ou celui que vous préfèrez, ne vous vexez pas, c’est juste une sélection 🙂
– Sony FE 90mm F2.8 Macro G OSS : probablement l’un des meilleurs en termes de qualité optique. Si vous êtes chez Sony, n’hésitez pas….si vous avez 1100€ à dépenser. Si vous n’avez pas besoin d’une focale de 90mm vous pouvez aussi lui préférer son petit frère deux fois moins cher et très bon également le Sony FE 50mm F2.8 MACRO.
– Tamron SP 90mm F/2.8 Di MACRO 1:1 VC : peut être le meilleur rapport qualité prix (autour de 600€ quand même). J’ai utilisé avec bonheur l’ancienne version non stabilisée que l’on trouve aujourd’hui d’occasion autour de 200 euros : une très très bonne affaire. Tamron propose ce modèle pour beaucoup de montures, en espérant que vous trouverez la votre 🙂
– Canon RF 100mm f/2.8 L Macro IS USM, Sigma 105mm F2.8 DG DN Macro Art, Nikon AF-S 105mm f/2.8G IF ED VR Micro Nikkor ou encore le Le NIKKOR Z MC 105mm f/2.8 VR S est un objectif dédié à la macro très récent. Il est spécifiquement conçu pour la monture Z. J’en ai fait un test il y a quelques mois si ce matériel vous tente. : pour cette focale, vous avez le choix, ils sont tous très bons. Les versions Nikon et Canon sont stabilisées.
– Sigma 150/2.8 DG EX OS HSM Macro : Celui là c’est le mien et je l’adore (enfin moi j’ai l’ancienne version non stabilisée), cette focale correspond parfaitement à ma pratique. Je peux traquer les insectes en me tenant à bonne distance et il produit des floues superbes. Ce n’est pas le meilleur d’un point de vue optique, mais il est très très bon. Update : je ne l’ai pas trouvé en neuf, la production semble arrêtée, mais on le trouve facilement d’occasion.
– Sigma Objectif Macro 180 mm F2,8 EX DG OS HSM : Pour aller encore plus loin que le 150mm. Cet objectif semble ne plus être fabriqué, mais on le trouve encore en occasion.
Je n’ai pas sélectionné de macro plus grand-angle, car généralement dans cet exercice, on recherche des focales assez élevées. Si vous êtes à la recherche d’un objectif, vous ne pouvez pas vous tromper avec ceux que je viens de citer.
les objectifs rétro
Un dernier sujet que je souhaiterais évoquer. Il existe des alternatives dites « rétro » aux objectifs macro les plus récents. Ces derniers sont d’ailleurs particulièrement recherchés pour deux raisons :
En premier lieu, leur prix. Ils sont généralement BIEN MOINS chers que leurs homologues les plus récents. On les trouve assez facilement en occasion sur des sites comme ebay, rakuten ou leboncoin.
De plus, ils ont bien souvent des caractéristiques optiques qui donnent plus de caractère aux images. En effet, les macro les plus récents sont fabriqués pour fournir des clichés bien piqués, mais aussi des arrière-plans « bien crémeux ». Comprenez que l’idéal esthétique actuel est que le bokeh soit bien dilué et que lorsque des halos sont visibles, ils soient bien ronds sur toute la plage de l’image. Généralement plus l’objectif est cher, plus c’est le cas. C’est dû aux caractéristiques des lamelles qui constituent le diaphragme.
Pourtant, certains trouvent que ce rendu manque de caractère, car il est exempt de défaut (ou presque). Ils préfèrent certaines vieilles optiques dont le bokeh est plus singulier. J’en ai retenu deux. Si vous en connaissez d’autres, je vous invite à partager vos connaissances en commentaire.
Helios 44-2 58mm f/2
Il ne s’agit pas d’un objectif macro, mais il peut le devenir en ajoutant des bagues allonges par exemple. Il s’agit d’un objectif de fabrication russe qui a eu beaucoup de succès. Du coup il y en a énormément, et il se trouve autour de 50 euros en occasion. L’objectif est entièrement manuel. Son bokeh caractéristique donne une sorte de tourbillon. Évidemment, le piqué ne sera pas le même qu’un objectif récent, mais on ne peut pas tout avoir. Pour ceux qui possèdent un boîtier Nikon, il y aura une autre limitation : celle de ne pas pouvoir faire la mise au point à l’infini. Il existe une astuce pour l’adaptation, mais cela semble un peu délicat. https://musashichan.com/blog/26-modification-d-un-helios-44-pour-nikon
Vérifiez bien la compatibilité de votre boîtier avant de franchir le pas.
Un exemple du type de rendu ici ou là
meyer trioplan 100mm f/2.8
Cet objectif de fabrication allemande est connu pour le bokeh caractéristique qu’il produit transformant chaque rayon de lumière en bulle de savon. L’effet produit me plait beaucoup. Les anciens objectifs se trouvent à un prix raisonnable sur ebay, mais il faudra un adaptateur pour le monter sur votre boîtier. Meyer a relancé récemment son objectif mythique en le proposant avec des montures adaptées aux boîtiers récents. Cependant le prix n’est plus le même : autour de 1000euros. Les anciens et les nouveaux sont entièrement manuels.
Bonsoir Denis très intéressant l’article. Moi j’ajouterais les 2 cailloux avec laquelle je « m’amuse » beaucoup: pour les ancien objectif c’est le Super Takumar 55mm f/1,8 plus que le Helios 44-2 😉 et le Volna 9 (c’est russe) 50mm f/2,8. Pour le Tamron 90mm (nouvelle version) c’est avec lui que j’ai vraiment commencer a « m’amuser » en macro a prendre un vrai plaisir de faire des photos. Un autre caillou c’est le Irix 150mm f/2,8 vraiment impressionner quand je travaille avec le trépied autrement la mise au point manuelle un peu difficile a cause du pois ( pour moi en tout cas)
Mais pour ce qui veule travailler avec des anciens objectif il faut faire un tour sur le net et voir le travaille de Luc Patureau qui d’ailleurs m’as donner envie de passer aux vieux cailloux, il travaille juste avec ça et il donne des très bonne conseille, il a même écrit un livre. Vous trouver toutes les information sur http://www.lucpatureau.be
Salut Ana,
Merci pour ton commentaire. Comme je le disais, j’ai fait une sélection. Je te remercie de partager ton expérience et je vois que tu es bien équipé ;). Je connaissais le Irix et le super Takumar de réputation, mais pas le Volna. Je suis allé voir le travail de Luc, et ses galeries sur les bokeh spéciaux. C’est très intéressant, il expérimente pas mal de chose. Les rendus sont vraiment sympas, mais du coup j’ai l’impression que dans de nombreux cas, il est obligé de centrer son sujet pour obtenir assez de piqué au centre (ou peut-être est-ce un choix plus artistique que technique …?) en tout cas merci Ana pour ces découvertes enrichissantes.
Salut Denis
Tu a raison pour Luc Patureau, pour avoir un rendue assez particulier il faut centrer le sujet en dehors du fait qu’il utilise beaucoup les images composite. Une pour avoir l’arrière plan et une deuxième pour avoir le sujet nette et avec Photoshop dans l’onglet « calques » il duplique l’image réalisé en pleine ouverture avec l’image à ouverture moyenne en tant que « arrière plan copie » 😉
Oui c’est bien ce que j’avais lu. Je trouve ça un peu dommage, mais le rendu du bokeh est top 🙂
Bonjour Denis,
Je découvre cet article et il est vraiment intéressant. Pour ma part étant chez Sony, j’ai opté pour le 90mm F2.8 macro et j’en suis très contente car c’est une optique de grande qualité. Cependant la focale est un peu juste effectivement lorsque je photographie des insectes. Je pensais utiliser le sigma 150-600 dans ce cas de figure pour de la proxiphotographie. Qu’en pensez-vous?
Bonjour Mireille, merci pour ton commentaire.
Je pense que le sigma 150-600 peut être intéressant car il a un rapport de grandissement de 1:2. Mais pour moi ce n’est pas la solution idéale car il doit être lourd et encombrant à manipuler. Dans cette discipline ce n’est pas du tout ce qu’on recherche. Tu pourrais tester un multiplicateur de focale compatible avec ton objectif. Un téléconvertisseur de 1.4x te permettrait déjà d’arriver à une focale de 126mm sans trop perdre de luminosité.
Merci beaucoup pour ton conseil, je vais me renseigner.
j’ai un Sigma 105 mm f/2.8 DG EX Macro OS HSM sur un Nikon D7500
ça me fait donc un 155 mm.
surtout il permet les ajustements manuels sans couper l’autofocus.
Je présise que mon déclencheur ne sert qu’à déclencher et non à mettre au point à mi-course.
Pour la mise au point j’ai dédiai un bouton au dos de l’appareil, que je gère avec le pouce droit.
Donc soit j’approche en manuel et fignole en autofocus, soit le contraire.
il y a un bouton sur l’objectif pour limiter son amplitude mais je ne m’en sert jamais.
en portrait ou en photos d’enfants il me permet de garder une distance moins dérangeante et permettant de me faire oublier.
le top pour mon niveau amateur.
Bonjour Denis et les visiteurs,
Perso j’ utilise un Pentax DFA 1:2.8 100mm macro sur mes boitiers Pentax.
Mais j’ affectionne aussi particulièrement de vieilles optiques comme le Carl Zeiss Jena Tessar f2.8 ( années ’50 ) ou le Meyer Görlitz Orestor 135mm f2.8 et leur très beau bokeh.