Trois jours à Rome en mai. Chaleur moite, averses fréquentes, ciels plombés. Des conditions idéales… à condition de les accepter. J’ai arpenté le vieux Rome, le Forum, les lieux évidents et les passages plus discrets, avec mon fidèle Nikon Z6II, un NIKKOR Z 24–70 mm f/4 S (je l’ai vendu depuis au profit du tamron 28-75 f/2.8) et un NIKKOR Z 40 mm f/2 dont la compacité est un bonheur pour le voyage.

Voyager, c’est accepter de composer avec l’imprévu. On fait avec le matériel qu’on a dans le sac, sans pouvoir transporter tout son studio. On ne prémédite rien : la rue, les passants, la lumière et la météo dictent le tempo. C’est une forme de street photo permanente, où l’œil doit rester disponible pour saisir les opportunités. L’exotisme joue en notre faveur : une scène banale pour un Romain devient un cliché dépaysant pour nous. Mais contrairement à ce qu’on imagine, le voyage n’offre pas toujours du temps libre pour « construire » une image. Les activités sont programmées, on partage souvent le séjour avec des proches qui ne sont pas forcément photographes. Il faut donc réagir vite, déclencher quand la scène surgit, accepter l’imperfection et privilégier l’instant à la perfection technique.

En rentrant d’un voyage, il est normal d’être déçu par une partie de ses photos. Ne soyez pas trop dur avec vous-même : voyager n’est pas photographier dans des conditions idéales. Si quelques clichés se démarquent, considérez-les comme de véritables réussites, des fragments précieux qui résument l’expérience bien mieux qu’une série parfaite.

Ce qui suit n’est ni un guide touristique, ni un portfolio « carte postale ». C’est un retour d’expérience orienté composition, street et voyage, avec quelques repères techniques simples pour revenir avec des images vivantes, malgré la foule et la météo.


Composer avec la foule (sans l’effacer)

À Rome, impossible de photographier une place vide. Plutôt que de lutter, j’ai choisi de jouer avec la foule comme élément de composition.


Piazza Navona — Nikon Z6II + NIKKOR Z 24-70mm f/4 S — 28,5 mm, 1/800 s, f/4, ISO 100.

Ici, j’ai superposé plusieurs strates : le musicien au premier plan, les passants au milieu, puis l’obélisque et l’église en arrière-plan. La foule devient texture, pas parasite.
Astuce : placez votre sujet bas dans le cadre et laissez respirer l’architecture au-dessus.


La pluie comme alliée graphique

Rome sous l’averse se transforme : pavés mouillés, reflets diffus, parapluies colorés.

Mur texturé — Nikon Z6II + NIKKOR Z 40mm f/2 — 40 mm, 1/250 s, f/8 ISO 1100.

Depuis un point haut, j’ai cadré orthogonalement le sol quadrillé. Le parapluie magenta et l’imperméable jaune suffisent à raconter l’averse. Cette composition minimaliste allie un sujet isolé (l’homme au parapluie) à la répétition du motif du carrelage. Minimaliste, graphique, efficace.


le passage — Nikon Z6II + NIKKOR Z 40mm f/2 — 40 mm, 1/500 s, f/2 ISO 200

Une scène de rue au moment de traverser un passage piéton. La composition s’appuie sur la couleur bleue. Le scooter au deuxième plan ajoute un niveau de lecture tandis que l’inclinaison de l’appareil donne du dynamisme.


Le Forum : saisir l’icône autrement


Mouette au Forum — Nikon Z6II + NIKKOR Z 24-70mm f/4 S — 29 mm, 1/125 s, f/16, ISO 280.

Plutôt que de faire « encore une vue » du Forum, j’ai attendu une mouette en avant-plan. Résultat : une Rome antique qui devient décor et un oiseau qui devient personnage.
Astuce : mise au point sur l’œil de l’oiseau, f/8 à f/11, vitesse rapide (1/500 s).


Jouer avec les perspectives et les matières


Marchés de Trajan — Nikon Z6II + NIKKOR Z 24-70mm f/4 S — 24 mm, 1/200 s, f/4, ISO 100.

Les ruelles anciennes de Rome se prêtent aux compositions en fuite. Ici, j’ai travaillé sur l’alignement des pavés, la symétrie imparfaite et la texture des murs.

Ruelle étroite — Nikon Z6II + NIKKOR Z 24-70mm f/4 S — 25 mm, 1/100 s, f/11, ISO 2200.

Dans une ruelle sombre, deux silhouettes au bout du chemin. L’œil suit naturellement les pavés luisants jusqu’à la lumière.


L’architecture, entre monumental et intime

Colisée — Nikon Z6II + NIKKOR Z 24-70mm f/4 S — 24 mm, 1/500 s, f/4, ISO 100.

Le Colisée est photographié des millions de fois. Pour casser l’effet « carte postale », je me suis allongé dans l’herbe pour intégrer un avant-plan coloré et ramener une perspective plus vivante.

Statue du pape Jean-Paul II — Nikon Z6II + NIKKOR Z 24-70mm f/4 S — 34,5 mm, 1/1000 s, f/4, ISO 100.


Street et détails urbains

Nikon Z6II + NIKKOR Z 40mm f/2 — 40 mm, 1/120 s, f/5.6, ISO 800.

J’aime laisser Rome parler par ses textures. Ici, le mur occupe 80 % du cadre, l’homme n’est qu’une virgule visuelle qui donne l’échelle.

Rue romaine — Nikon Z6II + NIKKOR Z 24-70mm f/4 S — 43 mm, 1/400 s, f/4, ISO 100.

Un vélo posé face à une ruelle pavée : le grand angle donne de la profondeur et guide le regard vers la perspective.


Vélo et mur ocre — Nikon Z6II + NIKKOR Z 24-70mm f/4 S — 43 mm, 1/200 s, f/11, ISO 450.

Couleurs complémentaires, textures brutes : une scène minimaliste qui fonctionne par sa simplicité.


ROMANITUDE

Rome est sonore, humide (pendant mon séjour), texturée. Avec un ciel chargé, elle perd son éclat « carte postale » mais gagne en matière.
En acceptant la foule et la pluie, on photographie moins des monuments que des situations : une note de cymbalum, un parapluie qui tranche, un vélo oublié, deux amis au bout d’une ruelle.

La technique n’est là que pour ouvrir ces histoires : vitesse juste, ouverture lisible, ISO sans peur. Le reste, c’est une affaire de distance et de patience.

5 commentaires

  1. Bonjour Denis, merci beaucoup pour ce reportage…c’est très intéressant…je retrouve des démarches que j’essaye quand je fais ce genre de voyage loisir….ces clichés me donnent des idées de composition…vraiment top…

    ah oui, ma préférée est vraiment le parapluie violet vu du dessus et la trace bleue qui part vers le haut ….c’est magnifique …l’homme en noir devant le mur texturé et coloré, est tout juste derrière …
    Xavier


  2. belle série, j’aime bien l’idée d’essayer de se détacher des cartes postales, bravo !

Répondre à Ogier Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *