Quand on parle de macrophotographie, on pense immédiatement matériel. Lentilles additionnelles, bagues allonge, objectifs dédiés, rapport de grandissement, diffuseurs, trépieds, flashs… Une pratique souvent perçue comme technique, exigeante, parfois même un peu rigide.
Mais pour moi, c’est tout l’inverse.
La macro, telle que je la vis, n’a rien d’une affaire d’accessoires. C’est une expérience sensorielle, une immersion dans la nature, une manière d’être au monde. Un moment de plaisir pur, de lâcher-prise, de contemplation. Une pause dans le rythme effréné du quotidien.
Photographie instinctive
Je ne pars jamais avec un sujet en tête. Je sors, simplement, avec un boîtier, un objectif macro, et l’envie d’observer. Je laisse mes pas me guider. Un sentier forestier, une haie envahie de ronces, un vieux muret en pierre, une souche couverte de mousse… Chaque endroit peut devenir un terrain d’exploration.
Souvent, c’est au bord d’une rivière que je me laisse happer. Je retire mes chaussures, je glisse les pieds dans l’eau, et j’observe. Mais ce n’est qu’un exemple parmi d’autres. La nature regorge d’espaces insoupçonnés, même à quelques mètres de chez soi. Il suffit d’ouvrir les yeux.
Une liberté précieuse
J’ai longtemps photographié avec un attirail complet. Aujourd’hui, j’ai choisi la légèreté. Un boîtier, un objectif. Rien d’autre. Pas de trépied. Pas de flash. Pas de sac lourd sur les épaules. Je photographie à main levée, dans la lumière naturelle.
Ce dépouillement est un luxe. Il me permet d’être libre de mes mouvements. De m’allonger, de me pencher, de grimper, de patauger. D’aller où je veux, comme je veux. Je ne ressens aucune pression de « réussir » une image. Je suis simplement là, présent, en connexion avec ce qui m’entoure.
Une forme de méditation
Il y a des jours où je me sens plus agité. Plus tendu. Quand l’anxiété pointe, je prends mon appareil et je pars. Je sais que la magie opérera. Que la nature, les formes, les textures, les couleurs, sauront m’apaiser.
Observer un détail minuscule, suivre les mouvements d’un insecte, regarder la lumière jouer sur une feuille… Tout cela m’oblige à ralentir. À respirer. À me concentrer. La macrophotographie devient alors une forme de méditation active. Je ne cherche pas à fuir quoi que ce soit. Je cherche à me reconnecter.
Lâcher-prise total
Ce dépouillement technique m’a permis d’éliminer une grande part de frustration. Avant, je revenais parfois contrarié : flou de bougé, sujet raté, lumière mal gérée. Aujourd’hui, je m’en fiche. Je ne suis pas dans la performance. Je suis dans l’expérience.
Et paradoxalement, c’est dans cet état d’abandon que naissent souvent mes plus belles images. Pas parce que je les ai planifiées. Mais parce qu’elles viennent d’un moment sincère, d’un regard émerveillé, d’un instant de présence pure.
Une autre manière de voir
La macro change notre rapport au monde. Elle nous enseigne à regarder autrement. À prêter attention à ce qui, d’ordinaire, échappe à notre conscience. Une goutte suspendue, une tige hérissée de poils, une aile nervurée… Tous ces petits riens deviennent des merveilles.
Et plus on regarde, plus on découvre. Non seulement autour de soi, mais aussi en soi.
Je lis toujours avec beaucoup d’attention vos articles et celui-ci en particulier qui correspond bien à ma philosophie. J’ai toujours mon appareil sur moi en vadrouille en ville dans la campagne et je me laisse surprendre…
Cordialement
Merci pour ton commentaire Guy. J’ai l’impression que nous sommes nombreux à envisager la pratique de la photo sous cet angle 🙂
Merci Denis pour ton livre « La macro créative », merci pour tes articles de qualités.
Je partage complétement ton approche et la philosophie qui découle de la macrophotographie.
Pour ma part je ne cesse d’être en admiration devant les créations de la nature.
Chacun de ses membres a des particularités originales, extraordinaires, d’adaptabilité, de résistance, d’esthétique, qui impose le respect.
La macrophotographie me permet d’augmenter ma connaissance et ma conscience du monde dans lequel je vie et m’interdit de détruire sans raison impérative qui mettrais ma sécurité en danger, des êtres vivants.
Les adeptes du jaïnisme n’ont vraisemblablement pas fait de la macro, mais par omniscience ont compris leur environnement depuis 2500 ans et ont un respect absolu de la vie .
A chacun son chemin (:- ))))
C’est vrai que ce monde en macro est magnifique et en plus on ne prend que tu plaisir.
Bien à vous.