L’art de la composition en photographie est l’un de mes thèmes préférés. C’est pour cette raison que j’ai écrit un livre sur le sujet.

Lors des formations que je dispense en ligne, c’est d’ailleurs le principal point de progression de mes stagiaires. Généralement, ils ont tout compris à la technique photographique, pourtant leurs photos pourraient être améliorées et ils ont du mal à cerner pourquoi.

Peu importe si le bokeh est magnifique ou si le piqué est parfait. On a parfois tendance à penser que c’est le matériel qui fait les bonnes photographies. Si dans certains cas, cela aide un peu, la plupart du temps, c’est la bonne composition d’une image qui compte le plus.

Il est peut-être intéressant de rappeler brièvement ce qu’est la composition d’une photographie. Pour mémoire, j’avais déjà écrit un article sur le sujet. À cette occasion, j’avais résumé l’exercice de la composition en sept grand points.

1. Une photographie a du sens : les images permettent de communiquer des idées ou des émotions.

2. Une photo est un choix : photographier, c’est poser un cadre. 

3. Chaque motif a un poids visuel : la répartition des formes géométriques et leurs attributs vont définir une hiérarchie de motif et la manière dont le spectateur va comprendre l’image.

4. Les proportions du cadre sont importantes : les formats les plus répandus sont 3/2 ou 4/3 ou 1/1 (carré)

5. L’orientation : selon son orientation, une image n’aura pas tout à fait le même impact pour celui qui l’observe. 

6. La règle des tiers : la règle des tiers permet de guider les photographes pour élaborer leur composition.

7. Gagner sa liberté : une fois les règles assimilées, on peut s’en détacher pour créer des clichés dont la composition est moins classique.

Composer avec les couleurs

Les couleurs s’ajoutent au langage visuel des images. Si nous ne pouvons pas précisément choisir à la manière d’un peintre toutes celles qui seront retranscrites dans une photo, la sélection opérée par le cadrage permet de mettre l’accent sur une valeur chromatique.

La symbolique des couleurs la plus généralement admise est la suivante :

  • vert : couleur dite « froide », celle que l’on trouve le plus dans la nature. Elle évoque une évolution, de la croissance, elle est également rassurante, sécurisante et apporte une notion d’équilibre ;
  • rouge : teinte associée à l’amour et à la passion, et qui évoque également la chaleur et la vie (elle rappelle la couleur du sang). Le rouge est une couleur chaude, voire « flashy », qui peut s’avérer très utile pour capter le regard ;
  • bleu : comme le vert, le bleu est une couleur froide – on l’utilise d’ailleurs notamment pour évoquer la fraîcheur. C’est aussi la couleur du ciel, pour cette raison, elle suggère la légèreté et la tranquillité ;
  • jaune : la couleur du soleil, elle traduit chaleur et énergie. Elle permet aussi de retranscrire un sentiment de bonheur.

90 mm, f/4, 1/400 s, 100 ISO

Pour cette composition classique, respectant la règle des tiers. Seules deux couleurs sont représentées. En plus de la forme du motif, le jaune de l’ascalaphe attire forcément le regard. Je me suis donc servi d’une couleur vive pour appuyer la composition de l’image (qui était évidente par ailleurs 🙂 😉 )

50 mm, f/1.4, 1/3200 s, 100 ISO

Sur cette image, la couleur (ici le jaune-orange) ne sert pas de point fort. Le sujet est l’arbre dénudé. Le premier plan, flou et coloré, contraste avec la monochromie du plan supérieur. Il sert d’ambiance, les couleurs fauves rappelant les teintes de l’automne.

35 mm, f/5,6, 1/2 s, 1 00 ISO

Cette photo a été prise dans le métro londonien. Je me suis servi d’un train (et d’une pose longue) pour mettre en valeur un texte. Je vous mets ci-dessous la même image en noir et blanc pour que vous vous rendiez compte de l’importance de la couleur dans cette composition.

50 mm, f/8, 1/100 s, 1 600 ISO

Pour cette image, la couleur participe autant à la composition que le motif –  en noir et blanc, l’image perdrait tout son charme. Certains grands photographes comme Harry Gruyaert ou William Eggleston s’intéressent autant aux motifs qu’aux associations chromatiques. C’est exactement ce que j’ai souhaité faire ici.

35mm, f/5,6, 1/40s, 6400ISO

Pour ce cliché enfin, on s’approche de l’abstraction. Le but ici était de créer une association entre les couleurs et les formes. Ici, je ne cherche plus à guider le regard vers un endroit précis. Il s’agit d’un triptyque assez équilibré jouant avec les couleurs.

À travers ces quelques clichés, mon idée était de vous montrer rapidement la force que peu donner la couleur à une composition. Évidemment, il s’agit seulement de quelques exemples de ma facture. Si vous souhaitez partager vos impressions, vous pouvez utiliser l’espace commentaire. J’ai aussi ouvert une discussion sur le forum pour que chacun puisse montrer ses clichés et/ou poser des questions.

6 commentaires

  1. Bonjour Denis
    J’ai hâte de lire tes articles chaque fois je reçois le mail d’information. Cette fois c’est un défi intéressant. Je regarde beaucoup des photos « urbaine  » ou ton sujet peut plus facilement se créé dans la proxy, macro on a peur des couleurs complémentaires qui claque (comme par exemple dans l’image avec les bottines) on cherche plus la douceur dar la transition des couleurs, plus l’ onirique que  » l’information  » comme dans la photo rame de métro etc. Alors c’est très intéressant d’essayer. Et je trouve aussi que c’est intéressant par rapport aux caractères des personnes. Pour certains, certaines ça peut être facile si dans la pratique photographique le font déjà et pour certains, certaines c’est trop 🙂 ou comme disent certains Too much 😉

  2. Bonjour Denis,
    Article très intéressant. Au début de ma pratique photo, je ne faisais pas spécialement attention aux jeux de couleur. Maintenant, j’y prête plus attention, et fais de temps en temps des sorties photo axées sur une couleur.

    1. Author

      Merci pour ton message Corinne. Oui, parfois, il y a des aspects auxquels on fait plus attention. C’est bien de faire des expériences.

  3. articles toujours interessant comme vos livres
    merci

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