« Bien exposer » une photographie est sans doute la première notion qu’il faut maîtriser et comprendre pour être un photographe averti.

La norme d’une exposition « correcte » pourrait se caractériser par le fait d’obtenir « la bonne quantité de lumière pour qu’une photographie ne soit ni trop sombre ni trop éclairée » 🙂 🙂

Il faut comprendre que l’image, telle que vous la verrez sur votre écran puis votre tirage papier, doit être la plus fidèle possible aux valeurs de lumière réelle de la scène photographiée, ou plus précisément à ce que vous avez vu.

Sur cette image, j’ai recherché une exposition classique avec un bon équilibre entre les hautes lumières (les blancs) et les basses lumières (les noirs).

Cette retranscription de la répartition de la luminosité sur le capteur de l’appareil photo est calculée par un posemètre. L’instrument est situé juste derrière l’objectif et donne au photographe une information sur « la bonne ou la mauvaise exposition » de la photo qu’il va prendre. Lorsque le curseur du posemètre indique 0 cela signifie que l’exposition est censée être correcte. Si ce dernier est au-delà ou en deçà (on parle de « pas IL » pour indice de lumination), l’instrument vous indique que l’image sera vraisemblablement sur- ou sous-exposée.

Le posemètre de l’appareil photo donne une indication concernant l’exposition. Ici la photo sera certainement surexposée. Le posemètre affiche +2 IL.

Attention néanmoins, car le posemètre est un outil qui n’est pas infaillible. Ainsi, dans de nombreux cas, vous devrez tenir compte de cette mesure comme une information et ajuster ce paramètre manuellement.

Afin d’apprécier les différentes valeurs d’exposition d’une image, on peut utiliser l’histogramme.

Il s’agit d’une représentation graphique de la répartition des valeurs de la lumière de votre image. Il est accessible lors du visionnage sur l’écran de votre appareil photo (ou sur un logiciel), mais certains boîtiers permettent d’y avoir accès au moment de la prise de vue.

Les valeurs situées à gauche représentent les teintes les plus sombres jusqu’au noir total.

Les valeurs situées à droite représentent les teintes les plus claires jusqu’au blanc pur.

Les valeurs au centre représentent les teintes à intensité de lumière moyenne.

Voici une image exposée « correctement » et son histogramme ci-dessous
sous-exposée
surexposée

Mais alors qu’est-ce qu’une photo bien exposée ?

En théorie, l’histogramme représentatif d’une image dite « idéalement exposée » est caractérisé par une courbe de Gauss. Pour ce type d’image, il y aura donc un équilibre « parfait » entre les basses et les hautes lumières, et pas de valeurs extrêmes.

Courbe de Gauss censée représenter l’exposition parfaite

Pensez-vous, comme la théorie nous l’indique, qu’une image aux valeurs de lumière moyenne soit représentative de « la bonne exposition » ?

La réponse est non, évidemment. En réalité, je vais vous donner un scoop :

Il n’y a pas vraiment de bonne exposition, excepté celle qui vous convient.

Il faudra quand même tenir compte de certains principes :

  • Lorsqu’on surexpose une image en faisant face au soleil par exemple, beaucoup de pixels vont être totalement blancs (on parle d’une image cramée). Cela aura pour effet d’éblouir le spectateur de l’image. On peut surexposer une image (parce qu’on fait ce qu’on veut en photo), mais il faut que cela ait un sens. Dans tous les cas je vous suggère de ne pas exagérer dans ce genre de situation
  • lorsqu’on sous-expose une image, cela donne une impression de manque de luminosité qui pourra rendre le visionnage du cliché un peu inconfortable.
Le reflet du soleil dans l’eau est complètement blanc tandis que le reste de l’image est noir. L’effet est voulu. Il s’agissait de marquer le rayon qui vient éclairer la grenouille. Pour ce genre de cliché ou les noirs dominent, on parle de « low key »
Cette image n’a pratiquement pas de valeurs de lumière moyennes. Pourtant l’aspect très graphique que je recherchais est réussi. Ce type de photo où les blancs dominent est qualifiée de « high key »

Un conseil si vous choisissez de sur- ou sous-exposer une photo : pensez à bien contraster l’image en post-traitement.

Lorsqu’une image n’est pas assez contrastée, cela veut dire qu’il n’y a pas assez de valeurs de noirs ou de blancs et cela aura tendance à produire un visuel un peu terne. Comme si on regardait la photo à travers un voile. Prenez garde à cela sauf si vous recherchez cet effet 🙂

Les concepts de High key et Low key

Ces anglicismes désignent deux choix extrêmes d’exposition pour une photographie. Ils sont généralement très utilisés pour les portraits, mais les deux images précédentes (la grenouille et la plante se reflétant dans l’eau) montrent que ce n’est pas toujours le cas. En studio, on utilise habituellement des lumières pour générer ce type d’ambiance.

High key définit une photo dont la tonalité générale se trouve dans les valeurs claires. L’histogramme sera alors décalé vers la droite sans pour autant que l’image soit surexposée.

L’histogramme de cette image prise en high key est complètement décalé à droite. Pour autant il ne s’agit pas d’une erreur, mais d’un effet recherché.

Low key définit une photo dont la tonalité générale se trouve dans les valeurs sombres. L’histogramme sera alors décalé vers la gauche sans pour autant que l’image soit sous-exposée.

Ici une ambiance sombre domine, l’histogramme est décalé vers la gauche. Ce type d’effet est recherché en portrait car il génère une impression d’intimité avec le sujet.

Avez-vous du mal à trouver l’exposition que vous recherchez ?

Avez-vous tendance à sur- ou sous exposer vos photographies ?

Utilisez-vous un ordinateur pour ajuster l’exposition ?

Pour aller plus loin, je vous conseille le merveilleux livre de Volkert Gilbert qui traite uniquement de ce thème :

5 commentaires

  1. Merci Denis pour cet article ! Je pense que pour un prochain article, ce serait sympa de développer un peu plus les concepts de high keys et de low keys, histoire de bien montrer qu’un histogramme tout à gauche ou tout à droite ne signifie pas forcément sous-exposition ou sur-exposition. Qu’en penses-tu ?

  2. Author

    Tu as raison Mikaël, mais je ne vais pas attendre un second article, je vais mettre à jour celui-ci pour qu’il soit plus complet. 🙂

    1. Cool, et ils sont beaux ces exemples ! J’adore l’œil !


  3. Merci Denis pour cette belle explication. D’ autant plus agréable à lire que les points abordés sont accompagnés de photos représentatives et comparatives des explications.
    C’ est clair et la technique très facilement compréhensible avec les illustrations. En clair, on voit bien de quoi on parle.
    Merci encore Denis

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