Pour beaucoup, la photographie n’est pas seulement un moyen de produire des images, c’est aussi une manière d’appréhender le monde qui les entoure. 

Pour ceux qui adoptent cette démarche, ce n’est pas seulement  la photo capturée qui est importante, c’est aussi le chemin qu’il a fallu emprunter pour parvenir à cette photographie. C’est d’ailleurs probablement pour cette raison que les plus illustres artistes de cet art sont intarissables d’anecdotes ayant mené à produire telle ou telle photographie. Ils sont capables de se rappeler les odeurs, les sons, le moindre détail de l’environnement, de l’instant… etc.

Ce que j’entends par « philosophie photographique”, c’est la manière d’expérimenter notre environnement avec un appareil photo à la main. Cette pensée, qui est propre à chacun, va entraîner un grand nombre de choix (matériel, cadrage, sujet..etc.), qui aboutiront in fine à un style

Je reviendrai plus loin sur ma philosophie personnelle, mais avant cela, faisons un tour d’horizon de quelques intentions primaires qui peuvent mener à adopter sa propre manière d’aborder la photographie. Pour rappel, c’est d’ailleurs dans mon livre « les secrets du style en photographie” que j’explique le cheminement pour aboutir à sa propre identité visuelle : 

Le documentariste : être dans une préoccupation documentaire signifie vouloir témoigner d’une scène dans le but principal d’informer. Il s’agit donc de revenir à la première fonction de la photographie qui est de capturer une représentation du réel à un instant T, en considérant l’image produite comme un fait avéré. Le procédé devient alors un moyen de montrer, pour dénoncer ou pour garder en mémoire. Les photojournalistes suivent résolument cet objectif dans leur travail. 

Le provocateur : le but des artistes qui choisissent la provocation est d’irriter, d’indigner voire de révolter. L’avantage de cette démarche sera de susciter immanquablement une réaction chez le spectateur.

L’humoriste : il n’est pas besoin d’expliquer cette intention. Si votre personnalité est de constamment amuser la galerie, de voir de la cocasserie dans toutes les situations, je vous conseille de chercher à le reproduire en photographie ; je crois en effet qu’il ne faut pas vouloir aller à contre-courant de ce que nous sommes. Le choix de l’humour pourrait paraître frivole au premier abord, mais il permet aussi de faire passer des messages sérieux. 

Le contemplatif : le photographe contemplatif a la volonté de se mettre en état de réceptivité par rapport à l’environnement dans lequel il évolue. Son message est généralement apaisé, zen. Il n’a pas de démarche dénonciatrice, documentaire ou sarcastique. Ceux qui choisissent cette finalité ont souvent des spécialités liées à la nature (animalier, paysage), mais il ne faut pas considérer qu’elle soit le seul lieu adéquat pour pratiquer la contemplation. 

Bien évidemment, si l’une des intentions domine votre personnalité, cela n’exclut pas forcément les autres. Vous pouvez donc en coupler plusieurs, on peut très bien être un documentariste avec de l’humour, par exemple. 

L’idée est de partir d’une de ses intentions afin de dégager une démarche artistique qui vous permettra d’établir une identité visuelle qui vous appartient.

Ma petite philosophie

Comme je le fais dans mon livre, je vous propose de vous expliquer brièvement ma démarche personnelle. Cela peut sembler un peu égocentré, mais l’idée est d’expliquer un peu plus concrètement ce que peut être à travers un exemple que je connais bien, le mien 🙂 . Dans le livre, je prends aussi l’exemple de photographes célèbres afin de proposer des manières de photographier très différentes.

Je suis un contemplatif et cela, je le savais bien avant que je commence la photographie. L’un des premiers domaines que j’ai explorés est la photographie rapprochée et cette pratique m’a amené beaucoup plus loin que je ne l’aurais pensé initialement. En effet, à force de voir la nature en gros plan, j’ai pris goût aux formes simples et graphiques. J’ai opté de plus en plus pour des compositions qui suggèrent plus qu’elles ne montrent. Le livre « Les secrets de la macro créative » sortit début 2016 aux éditions Eyrolles illustre d’ailleurs ce parcours et donne des pistes pour pratiquer la photographie nature en gros plan de manière inventive. Par la suite, j’ai voulu transposer cette esthétique simple vers la photographie dite classique. J’ai cherché à épurer mes compositions et à tendre vers un vocabulaire graphique minimaliste. L’ouvrage « Les secrets de la photo minimaliste » paru en 2017 permet au lecteur de s’initier à ce type de style. C’est à ce jour le seul ouvrage traitant de ce sujet pour la photographie.

Au cours de mon évolution, j’ai souvent été à la recherche du « beau ». Je n’ai jamais été attiré par les graphismes repoussants. Si vous pensez que cette démarche est logique, sachez que beaucoup de photographes recherchent ce type de provocation parce que cela leur semble essentiel pour revendiquer quelque chose ou de manière plus pragmatique, afin de se démarquer des autres. Aujourd’hui, plutôt que de faire de belles photos, je tente de produire des images dans lesquelles les spectateurs projettent leurs émotions. Il s’agit pour moi de créer une ambiance assez subjective pour y transposer sa personnalité, pour qu’on ait envie d’entrer dans la photo et d’aller s’y promener. Afin de réaliser cela, je cherche souvent à capter le « sublime ». N’y voyez là aucune prétention de ma part. Il s’agit d’une notion philosophique, une interrogation contemplative. Le philosophe Kant pensait que lorsqu’il nous arrive de contempler le sublime il se produit en nous une sorte d’aspiration vers cet infini que l’esprit ne peut pas embrasser tout entier. Le beau se présente toujours avec un aspect défini : un visage est beau, des fleurs sont belles. Le sublime quant à lui, tend vers l’illimité. Il s’agirait plutôt d’une ambiance, une atmosphère. 

Je pense qu’il m’arrive de contempler le sublime. En revanche, le retranscrire en image semble impossible, car l’expérience est incomplète (il manque le ressenti, les odeurs, les sons…etc). Cette quête est donc inaccessible par définition et c’est très bien comme cela, cela me permet d’évoluer et de chercher constamment à créer de nouvelles images. Cette idéologie me mène très régulièrement dans la nature, mais ce n’est pas un terrain de jeux exclusif. Pour moi, il s’agit d’observer attentivement mon environnement et d’y déceler un détail dans lequel je puisse trouver une émotion puissante.

Je vous invite en commentaire à vous exprimer et à expliquer simplement comment vous expérimenté la photographie. On ne parle donc pas de l’image, mais de la manière de la produire.

Pour voir plus d’images, n’hésitez pas à aller faire un tour sur mon compte instagram.

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