Alors que la nouvelle saison macro nature commence, je souhaitais vous partager un souvenir photographique de l’année dernière. Cette série a été réalisée sur deux après-midis au bord d’une rivière du sud-est, dans une zone de végétation dense, bien exposée, mais assez abritée du vent. À cette période – fin du printemps/début de l’été – la biodiversité explose : ça bourdonne, ça rampe, ça vole. J’étais venu avec une seule idée : explorer cette richesse à travers une approche simple, légère, en lumière naturelle, à main levée, avec le Nikon Z6III et le Sigma 150 mm f/2.8 macro. Comme je le fais souvent, je n’ai emporté que mon boitier et mon objectif. Rien d’autre !
Une abeille
La première rencontre du jour a été avec une abeille domestique (Apis mellifera), très occupée à visiter une floraison mauve (probablement du chèvrefeuille ou de la sauge ornementale). Je me suis posté à proximité, en me servant du Sigma à pleine ouverture pour isoler la scène.
J’ai déclenché en suivi AF-C avec une rafale courte. Résultat : 1 photo nette… sur 37 😅. Mais ça valait le coup. Le flou de bokeh rend bien, et l’insecte est figé en vol, avec beaucoup de détails.
Caloptéryx posé
En longeant le cours d’eau, j’ai repéré un petit attroupement de caloptéryx, ces grandes demoiselles qui virevoltent le long des berges. Un mâle s’est posé sur une feuille dégagée, à hauteur d’objectif. J’ai rampé en douceur afin de ne pas l’effrayer.
L’approche est toujours délicate, mais il m’a laissé le temps de cadrer proprement. La lumière d’arrière plan permet de donner à la scène une belle ambiance. Pas de flash, comme pour tous les autres clichés. J’ai préféré garder le rendu naturel, avec un fond doux légèrement doré.
Gerris : une image graphique
Un peu plus loin, j’ai observé des gerris (Gerris lacustris) glissant à la surface d’un bras mort de la rivière. Ces insectes sont aussi appelés « punaises d’eau » ou « araignées d’eau ». Elles sont capables de “marcher sur l’eau” grâce à la tension de surface. J’étais sur la rive, j’ai choisi d’isoler un spécimen. De cette manière, j’ai réussi à capter les cercles concentriques qu’il a laissé derrière lui.
C’est une photo plus graphique que naturaliste. Le contraste entre la silhouette de l’insecte et les reflets diffus dans l’eau donne une ambiance un peu abstraite et minimaliste, que j’aime bien.
Une goutte, posée comme une perle
Encore dans la même zone, j’ai été attiré par une goutte d’eau parfaitement sphérique sur une petite feuille. Le soleil latéral lui donnait un éclat discret, sans reflet brûlé.
J’ai cadré au ras de la feuille, presque à plat. J’utilise souvent l’écran orientable dans ces cas-là. L’image est simple, mais bien structurée, avec une lumière douce et un fond uniforme. Néanmoins, la composition est assez singulière.
Une fleur en bord de sentier
Avant de remonter vers la voiture, j’ai remarqué une petite fleur mauve solitaire poussant à l’ombre partielle d’un vieux tronc. Rien d’extraordinaire, mais sa position – légèrement isolée, avec un fond clair derrière – m’a donné envie de tenter ce cadrage un peu graphique.
Je me suis accroupi, appareil à hauteur du cœur de la fleur, en visant une composition assez aérée. Le bokeh est doux, avec des tons pastel assez flatteurs. Une photo simple, qui fonctionne sur l’équilibre des masses et des couleurs.
Je suis revenu le lendemain, en fin d’après-midi. La lumière était plus dorée, plus rasante, et surtout le vent s’était calmé. Idéal pour tenter des sujets un peu plus délicats. Je suis repassé par les mêmes zones, mais avec un œil un peu plus affûté. C’est souvent comme ça : la première sortie permet de repérer, la deuxième de travailler plus finement.
Une grenouille timide en bord de rive
Tout au bout du sentier, à moitié cachée sous une herbe couchée, une petite grenouille verte m’a observé pendant quelques secondes. Le genre de scène où il ne faut pas traîner : j’ai cadré large, sans trop bouger, pour éviter de l’effrayer.
L’idée était de garder un peu d’environnement autour d’elle. L’image raconte plus une ambiance qu’un portrait. Elle s’est éclipsée dans l’eau juste après. Merci pour la pose.
Une fourmi acrobate sur une aigrette
C’est sûrement l’image la plus inattendue de cette série. J’ai repéré une fourmi noire en train d’explorer une aigrette de pissenlit, suspendue entre deux brins d’herbe. Elle montait, descendait, puis s’est figée un instant sur l’arête principale.
J’ai cadré pour garder toute la légèreté de la scène. C’est une photo conjuguant le minuscule et le fragile, le noir et la transparence. Et pour une fois, elle ne bougeait pas trop. Une pause bienvenue 🐜
Un caloptéryx de face, ambiance douce
Un peu plus loin, un caloptéryx vierge femelle (Calopteryx virgo) s’est posée sur une feuille claire. La lumière était très douce, légèrement filtrée par les feuillages. Ce qui m’a plu, c’est sa position : bien face à l’objectif, avec un regard… presque curieux.
J’ai composé en centrant presque le sujet, chose que je fais rarement, mais ici ça fonctionne bien avec la symétrie des pattes et la nervure centrale de la feuille. Le fond est pastel, légèrement rosé est dû aux rochers rougeâtres en arrière-plan.
Perché sur une branche – composition plus large
Toujours le même insecte emblématique du bord de l’eau. Il s’est posé tout en haut d’un jeune frêne, dans un secteur un peu plus dégagé.
J’ai choisi de cadrer large pour valoriser sa position dans l’espace. On voit bien la structure de la branche, les feuilles, et ce fond bicolore bleu/doré, produit par la lumière jouant entre ombre et lumière. Ça donne une image plus contextuelle.
J’ai aussi essayé de prendre quelques clichés alors qu’il s’envolait. L’image retenue n’est pas nette, loin de là. Cependant, je la trouve réussie.
Dernière image
Pour clôturer cette sortie, j’ai remarqué une scène très simple : un caloptéryx posé à l’extrémité d’une branche, en pleine lumière, avec un fond un peu éloigné et diffus. Une très belle ambiance de fin d’après-midi.
Cher Denis,
Ce lundi matin, c’est une fort belle série que tu nous offres ! Tes images sont magnifiques : quel plaisir de les découvrir, les contempler et admirer !
Grand merci ! Infiniment de respect pour le regard patient que tu accordes à l’observation de ces vies “ minuscules ” que tu sais si bien photographier.
Merci beaucoup Jean-Paul 🙂